Transcription de la vidéo de Olivier
Que voyez-vous ? Olivier est aveugle, mais quand il est aux commandes d’un voilier ça ne se voit pas.
Alors je suis Olivier, j’ai 46 ans, je suis non-voyant depuis un peu plus d’une vingtaine d’années suite à une rétinopathie pigmentaire. Et j’ai perdu la vue moi ça été progressif. J’ai toujours aimé la mer, aimé les bateaux, et notamment la voile. Quand j’ai commencé à naviguer, j’avais une dizaine d’années, donc je voyais correctement. Je n’avais pas de difficultés particulières. Quand tu deviens aveugle c’est complètement différent, tu n’as plus du tout de repères, tu n’as plus d’informations visuelles. Mais j’ai très vite retrouvé mes marques. Souvent on m’a dit « mais non c’est fou, il ne faut pas que tu continues, c’est dangereux… ». Enfin bon, il y avait toujours quelque chose pour mettre un frein. Et j’ai eu la chance de rencontrer du monde, des gens qui ont accepté de me faire confiance et de m’aider à vivre cette passion. Ils ont vu que c’était possible puisque j’ai participé à différentes aventures, notamment le Défi Intégration en 2010 où là on a fait la traversée entre Lorient et l’Ile Maurice. Donc 68 jours à naviguer en équipage mixte handi-valide. C’est vrai que sur un bateau quand les voiles sont étarquées, quand il y a de la pression, si ça claque on peut se faire arracher une main voire un bras. Il y a différentes façons d’adapter son handicap à l’environnement. On va dire qu’on va beaucoup travailler sur la mémoire, faire le tour du bateau, repérer les endroits stratégiques. On va mettre un bout de scotch mettons sur un bout pour arriver à le repérer. On développe d’autres choses et d’autres sens que les voyants n’ont pas. C’est vraiment l’écoute aussi, l’oreille est très très importante.
Quand je suis à la barre d’un bateau, je ne vais pas arriver à trop parler, parce que je suis vraiment entrain d’écouter tout ce qu’il se passe. Écouter le bruit de mes voiles, voir si c’est bien réglé, si ça ne faseye pas de trop. On a la chance aujourd’hui d’avoir beaucoup d’aide, et notamment un logiciel de navigation qui s’adapte sur des téléphones et que l’on peut utiliser après en navigation. Je n’ai pas la sensation d’être aveugle quand je suis en mer. C’est l’immensité de l’océan, de la mer, qui fait que tu as l’impression qu’il ne peut rien t’arriver. J’ai la sensation de liberté que je n’ai pas à terre. À terre, pour quelqu’un qui ne voit pas, c’est terrible. Il y a des obstacles partout, du bruit, c’est très très fatiguant, très stressant. J’essaye, même sans voir, j’essaye de visualiser les choses. La chance que j’ai eu dans ce malheur c’est d’avoir eu quand même une période où je voyais correctement et d’avoir cette mémoire visuelle qui m’aide réellement au quotidien. Le handicap c’est un énorme chantier en règle générale, il faut déjà que les politiques se mettent dans la tête qu’il y a des personnes en situation de handicap dans notre pays. Elles ont un potentiel, elles ont une vie, elles doivent être reconnues comme tout le monde. Cela fait partie des gros chantiers que la Fédération des Aveugles de France doit combattre et doit continuer à batailler là-dessus. Même le fait d’améliorer le quotidien des personnes en situation de handicap améliore le quotidien de tout le monde. Je ne suis pas sûr qu’en étant voyant, j’aurais fait autant de choses et surtout eu l’envie toujours d’aller au-delà, d’aller plus loin. Voilà j’en suis là aujourd’hui grâce à la famille, aux amis, à un gros travail aussi sur moi-même. Donc c’est possible. Il faut vraiment se dire que c’est possible.
Les aveugles et malvoyants ne manquent pas de volonté. Ils manquent de moyens !
Aidons-les, chacun à notre façon sur www.aveuglesdefrance.org
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